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Dans la vie de l’Église universelle, donc aussi chez nous, deux éléments marquent l’actualité : l’année de l’espérance et le processus synodal qui continue. Pourquoi ces deux éléments ? Parce que l’Église est à un tournant, où elle doit prendre au sérieux la question de Jésus : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »1 Certes nous mettons cette question en relation avec la promesse de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »2 . Toutefois cette dernière phrase se situe dans un appel à l’action des disciples, et nous avons une responsabilité à prendre. Le pape a choisi l’espérance comme thème pour cette année sainte, parce que c’est un élément essentiel de la vie chrétienne et parce que notre monde en a terriblement besoin. Et qui annonce une espérance crédible dans notre société ? Nous pouvons parler d’espérance parce que l’Église ne parle pas seulement de Jésus-Christ, elle en célèbre la présence. Quant au processus synodal, j’ai été heureux que près de 1'000 personnes se soient rassemblées en février dans notre diocèse. Cela suggère toutefois aussi une question : le but est de rassembler la communauté chrétienne, mais l’immense majorité semble ne pas s’y intéresser. Pourquoi ? Deux facteurs sont centraux : beaucoup ne voient pas la vie chrétienne en lien avec une communauté qui les concerne, et beaucoup pensent que dans ces rassemblements on tient des discours incompréhensibles (comme le terme même de « processus synodal »).
Tout d’abord les discours incompréhensibles. On parle depuis longtemps de crise de la transmission de la foi. C’est un fait, même s’il est aussi vrai que le nombre de personnes qui découvrent l’Église augmente fortement (ainsi que la récente participation aux messes du Mercredi des Cendres). Selon un processus qui a commencé il y a des siècles, mais qui s’accélère, notre manière d’exprimer notre foi est devenue incompréhensible pour la quasi-totalité de nos contemporains (même de beaucoup de pratiquants). Mais nous sommes souvent incompréhensibles parce que nous n’essayons même plus d’expliquer, donnant l’impression à nos interlocuteurs que nous les croyons stupides. Or en voyant que nous ne leur expliquons rien ils en déduisent que la stupidité est de notre côté, et cela affecte l’image de toute l’Église.
Parmi les croyants, qui peut présenter à des incroyants ce que nous entendons par « Parole de Dieu » ? Alors que nous nous référons à elle… Et comment comprendre nos témoignages si nous ne pouvons en expliquer la raison ? Je vois par exemple que les confirmands adolescents comparent souvent ce qu’on leur dit à l’école et ce qu’ils entendent dans la préparation de leur confirmation. Quand on fait le lien, le résultat peut être vraiment magnifique (et ce n’est pas tellement rare, surtout quand des enseignants sont impliqués des deux côtés). Quand on n’essaie même pas de prendre en compte leurs questions, les adolescents en déduisent simplement qu’il n’y a rien à chercher dans l’Église. Ce n’est pas rare non plus, malheureusement, et c’est une manière très efficace de tuer l’Église chez eux et leurs familles pour des générations.
Tout cela pose des questions de formation qui n’ont pas leur place dans cette lettre, mais je rappelle l’existence de formations chrétiennes pour adultes. Il y a un devoir qui ne concerne pas que les « spécialistes » : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous »3 . Si nous n’arrivons pas à dire ce qu’est notre espérance et quelles en sont les raisons, l’espérance se change en déception amère.
Quant aux communautés chrétiennes, notre processus synodal a été aussi l’occasion de revenir sur ce à quoi j’appelle constamment depuis que je suis évêque (je me suis même rendu compte à quel point je le faisais quand on me l’a montré…). Il faut des endroits où l’on puisse être heureux de célébrer la foi dans une communauté vivante dans laquelle on ait envie de retourner. Ces endroits existent chez nous, et jouent un rôle important dans notre accueil de nouveaux croyants : s’ils ne peuvent vivre joyeusement leur foi, ils ne vont pas continuer, l’expérience le montre. Ces pôles sont parfois des centres naturels. A certains endroits il n’y a pas de tels centres, et j’ai entendu pour de tels endroits l’excellente idée de centres tournants : on se déplace tous ensemble, d’une église à l’autre, dimanche après dimanche.
Si on veut rester figé à son clocher parce qu’« on a toujours fait comme ça », ce réflexe est respectable mais c’est une logique inconsciente de disparition. J’ai été ému de recevoir des personnes qui ont animé pendant des années leur petite église où il n’y avait plus de messe dominicale ; ils sont venus me voir avec ce constat : « On a tout essayé, on était toujours le même groupe, en diminution car vieillissant, puisque cela ne concernait que des personnes qui avaient appris, il y a longtemps, qu’elles devaient aller chaque dimanche dans leur paroisse ». Ce que ces gens ont fait, et que d’autres font maintenant, est très respectable, mais ne remplace pas des rassemblements dans une société désormais beaucoup plus mobile et où on a besoin d’encouragement mutuel. Nous devrons renoncer à des lieux de culte que nous avons aimés, mais c’est pour trouver la joie de communautés vivantes que je vois déjà, et qui sont des forces d’avenir, des centres d’espérance. Il faut savoir miser sur les personnes davantage que sur les bâtiments, quand les moyens exigent des priorités.
Beaucoup de nos signes sont devenus muets, mais le Seigneur est présent, et mon poste d’observation me permet de voir beaucoup d’effets de l’action de l’Esprit Saint. Que notre parole et notre témoignage commun les amplifient ! Je crois en Dieu !
Votre évêque, Charles MORERO
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